Description
Malgré l’attention considérable portée à l’étude du maintien de l’ordre, les criminologues omettent l’une de ses principales fonctions. Les enquêtes criminelles impliquent environ 16 % du personnel d’application de la loi et jouent un rôle majeur, en fonction de leurs succès et de leurs échecs, dans la manière dont les forces de l’ordre sont perçues par le public. Cette lacune scientifique est d’autant plus surprenante compte tenu du rôle primordial que jouent les détectives et les enquêteurs policiers quant à la suite des choses. Sans la résolution du crime et l’arrestation de l’individu fautif, aucune autre instance du système de justice – procureur, avocat de la défense, juge, juré, probation, maison de détention, prison, libération conditionnelle, réinsertion sociale – n’entre en jeu. Les quelques recherches menées sur le sujet se sont surtout intéressées à l’aspect organisationnel et technique du travail de détective. J’opterai ici pour une approche différente et analyserai l’anatomie d’une enquête criminelle : sa structure sous-jacente, ce que cette démarche implique et exige, comment atteindre ces exigences, quelles en sont les failles, et où est la place à l’amélioration. Les points plus spécifiques que sont la phase opérationnelle de l’enquête, la définition et la nature de la preuve et la structure systémique derrière l’échec d’enquêtes seront aussi abordés. L’enquête dans l’affaire Gail Miller-David Milgaard servira d’exemple à l’étude.