Sadisme sexuel, Violeur, SESAS, Développemental, Comparaison
C’est à la fin du XIXe siècle que le terme « sadisme sexuel » fit son apparition dans le domaine médico-légal sous la plume du psychiatre germano-autrichien Richard von Krafft-Ebing (1840-1902) dans son célèbre ouvrage Psychopathia Sexualis (1886/2011). Tirant son origine du nom de l’écrivain et philosophe français Donatien Alphonse François de Sade (1740-1814), mieux connu sous le nom de Marquis de Sade, qui dans ses écrits dépeignait le plaisir sexuel par la voie de la souffrance et de la destruction humaine, le sadisme sexuel fut présenté par Krafft-Ebing (1886/2011) comme : « the experience of sexual pleasurable sensations (including orgasm) produced by acts of cruelty, bodily punishment afflicted on one's own person or when witnessed in others, be they animals or human beings. It may also consist of an innate desire to humiliate, hurt, wound or even destroy others in order thereby to create sexual pleasure in one's self. » (p. 53)
Presque 70 ans après son apparition dans le domaine médico-légal, le sadisme sexuel fut introduit dans le Diagnostic and statistical manual of mental disorders (APA, 1952), un ouvrage dans lequel sont décrits et classifiés les différents troubles mentaux. Dans la première et deuxième édition du DSM (DSM-II; APA, 1968), le sadisme sexuel était catégorisé comme une déviance sexuelle aux côtés, entre autres, de la pédophilie. Dans la troisième édition du DSM (DSM-III; APA, 1980), la catégorie « déviance sexuelle » devint celle des « paraphilies ». Le sadisme sexuel fut alors catégorisé comme paraphilie dans la troisième et la quatrième édition (DSM-III; APA, 1980; DSM-III-R; APA, 1987; DSM-IV; APA, 1994; DSM-IV-TR; APA, 2000). En 2013, à la suite de revendications de la part de membres des communautés BDSM (Bondage & Discipline, Dominance & Submission, Sadism & Masochism) (De Neef and al., 2019), l'Association Américaine de Psychiatrie a reclassé le sadisme sexuel en tant que trouble du sadisme sexuel - un trouble paraphilique, plutôt qu'une paraphilie (DSM-5 ; APA, 2013). Dans la dernière édition du DSM (DSM-5-TR ; APA, 2022), le trouble du sadisme sexuel est défini par quatre critères : deux critères diagnostiques et deux critères de spécification diagnostique (Figure 1). De son côté, dans sa dernière édition, la International Classification of Diseases (ICD-11; World Organization, 2019) ne considère le sadisme sexuel problématique que lorsque ce dernier est de nature coercitive, c’est-à-dire sans le consentement de tous les participants.
Depuis quelques années, de nombreux chercheurs remettent en question l’approche catégorielle du DSM, et suggèrent que le sadisme sexuel présenterait une structure de nature dimensionnelle plutôt que catégorielle (Knight et coll., 2013 ; Longpré et coll., 2020 ; Mokros et coll., 2012 ; Mokros et coll., 2014 ; Mokros et coll., 2019 ; Nitschke, Ostheider, et coll., 2009). L’un des principaux arguments avancés pour appuyer cette conception dimensionnelle est l’absence de symptôme qui lui est propre (pathognomonique), et qui par sa seule présence permettrait son diagnostic clinique. En réponse à cette nouvelle approche du sadisme sexuel, plusieurs instruments d’évaluation furent développés : la Sexual Sadism Scale (SSS ; Marshall et Hucker, 2006) ; la Severe Sexual Sadism Scale (SESAS ; Nitschke, Ostheider et coll., 2009), qui est une version révisée et améliorée de la SSS, et ce, à la suite d’analyses de réponses à l’item ; ainsi que la Massachusetts Treatment Center Sadism Scale (MTCSS ; Longpré et coll., 2019). Bien qu’ils offrent tous une mesure du sadisme sexuel, ces instruments comportent certaines limites, notamment quant aux critères sur lesquels ils fondent leur évaluation : une série de critères strictement comportementaux (ex. : présence de mutilations sur le corps de la victime) qui ne permet pas, entre autres, d’évaluer les fantaisies sexuelles sadiques, lesquelles constituent l’une des composantes centrales du sadisme sexuel (Longpré et coll., 2018). De plus, parmi les différentes mesures du sadisme sexuel, l'échelle la plus couramment utilisée est le SESAS. Cette situation s'explique par le fait que le SESAS a fait l'objet de multiples validations avec des échantillons divers, contrairement aux deux autres échelles mentionnées précédemment (Gonçalves et coll., 2018 ; Mokros et coll., 2012 ; Nitschke et coll., 2013).
Par-delà les questions de mesures (catégorielles et dimensionnelles), plusieurs études ont été menées ces dernières décennies afin d’identifier les caractéristiques des délinquants sexuels sadiques. Dans le cadre d’études cliniques et descriptives (ex. : Brittain, 1970 ; MacCulloch et coll., 1983; Dietz, Hazelwood et Warren, 1990), plusieurs caractéristiques ont été identifiées chez les délinquants sexuels sadiques. Par exemple, en ce qui concerne leur style de vie, les sadiques sont décrits comme étant isolés socialement. De plus, ils éprouveraient un profond désintérêt et un détachement vis-à-vis de ceux et celles qui les entourent (Brittain, 1970; MacCulloch et coll., 1983). Du côté de leur profil psychopathologique, les sadiques sont dépeints comme ayant une personnalité caractérisée par des traits de personnalité narcissique (Brittain, 1970; Dietz et coll., 1990) et psychopathique (Dietz et coll., 1990; MacCulloch et coll. 1983) ainsi qu’une absence d’empathie (Dietz et coll., 1990), ce qui leur permettrait de s’engager plus facilement dans un processus de déshumanisation de la victime, et ainsi de réaliser leur délit. Finalement, pour ce qui est de leur mode opératoire, les sadiques planifient méticuleusement leur crime et sélectionnent leur victime (Brittain, 1970; Dietz et coll., 1990). Pendant les heures qui précèdent leur délit, ils ont des fantaisies sexuelles sadiques et éprouvent de la colère contre les femmes (Brittain, 1970; Dietz et coll., 1990; MacCulloch et coll., 1983). Lors de leur délit, ils enlèvent et séquestrent leur victime (Dietz et coll., 1990), qu’ils torturent, entre autres, en lui insérant des objets dans les différents orifices corporels et en la mutilant (mutilation sexuelle ou non sexuelle) (Brittain, 1970; Dietz et coll., 1990; MacCulloch et coll. 1983). Malgré l’intérêt de ces études, celles-ci présentent certaines limites, notamment l’absence de groupes de comparaison. Pour progresser dans notre compréhension et améliorer notre capacité d'intervention, il est important de comparer les agresseurs sexuels sadiques de femmes avec d'autres types d’agresseurs sexuels de femmes. En effet, en comprenant les schémas de comportement, les profils de personnalité, les motivations et les facteurs de risque associés aux agresseurs sexuels sadiques de femmes, les professionnels seront en mesure de développer des programmes de traitement ciblés et des interventions spécifiques visant à réduire les risques de récidive et à prévenir de nouvelles agressions sexuelles à caractère sadique.
À la suite de ces études descriptives, plusieurs chercheurs (ex. : Gratzer et Bradford, 1995 ; Langevin et coll., 1985 ; Marshall et coll., 2002 ; Proulx et coll, 2007) ont mené des études comparatives, afin d’identifier les caractéristiques qui distinguent les délinquants sexuels sadiques des non-sadiques. De ces études, il en est ressorti que les sadiques sexuels se distinguent significativement des non-sadiques, notamment quant à leur profil développemental, sexologique ainsi que criminologique. Par exemple, sur le plan développemental, les sadiques rapportent davantage, que les non-sadiques, avoir subi pendant l’enfance des violences physiques (Gratzer et Bradford, 1995 ; Langevin et coll., 1985 ; Proulx et coll., 2007), psychologiques et sexuelles (Gratzer et Bradford, 1995 ; Proulx et coll., 2007). Concernant leur profil sexologique, les sadiques se différencient des non-sadiques, d’une part, quant à leurs fantaisies sexuelles déviantes, à savoir qu’elles apparaissent plus tôt chez eux, et qu’elles déterminent le scénario délictuel (Proulx et coll., 2007), et, d’autre part, quant à leur réponse phallométrique (indice de viol), laquelle indique qu’ils préfèrent la sexualité coercitive caractérisée par de la violence physique et psychologique (Proulx, 2001 ; Proulx et coll., 2007). Finalement, les sadiques se distinguent des non-sadiques quant à leur mode opératoire : la planification de leur délit ainsi que l’utilisation de la torture lors de leur délit (Gratzer et Bradford, 1995 ; Proulx et coll., 2007). Bien que ces études permettent de mettre en lumière les caractéristiques sur lesquelles les sadiques se distinguent des non-sadiques, celles-ci présentent certaines limites : 1) elles reposent sur un diagnostic de sadisme sexuel dont les critères ne font pas consensus au sein de la littérature, voire qui sont remis en question (Marshall et Hucker, 2006 ; Nitschke et coll., 2009) et 2) elles ne comparent pas les caractéristiques de leurs participants selon une perspective séquentielle, c’est-à-dire à différentes étapes de vie.
En conséquence, l’objectif de la présente étude est de :
Identifier les caractéristiques qui distinguent les agresseurs sexuels sadiques des non-sadiques, sur la base d’une mesure du sadisme sexuel validée empiriquement, la SESAS. L'échantillon était exclusivement composé d'agresseurs sexuels de femmes (c'est-à-dire de femmes âgées d'au moins 16 ans), contrairement à plusieurs études précédentes, qui étaient basées sur des échantillons d'agresseurs sexuels de femmes, d'hommes et d'enfants.
Notre échantillon comprend 206 délinquants sexuels (37 meurtriers sexuels, 181 agresseurs sexuels) de femmes adultes (16 ans et plus) ayant reçu une sentence de deux ans et plus entre les années 1995 et 2000 au Québec pour avoir commis au moins un crime sexuel avec contact. La majorité des participants était francophone (89%), de race blanche (89,2%), célibataire (68.4%), sans emploi (60.7%) et possédait une moyenne de 9,3 ans de scolarité. Lors de leur évaluation, l’âge moyen de ces derniers était de 33,6 ans (é.t. = 9,1 ans). Lorsqu’un participant avait commis plus d’un crime, seules les informations relatives au premier crime étaient considérées, et ce pour deux principales raisons : 1) avoir une information équivalente relative au premier crime officiel et 2) pour contrôler l’effet de l’expérience sur le mode opératoire (Kaufman and all., 1996).
Tous les participants de la présente étude se trouvaient au Centre régional de réception (CRR), une institution carcérale fédérale (Canada), lors de leur évaluation initiale. L’ensemble des participants (206) ont signé un formulaire de consentement dans lequel il était stipulé que toute information collectée n’allait être strictement utilisée qu’à des fins de recherche. Chacun des sujets a complété, lors de son évaluation, une série de tests psychométriques et a participé à plusieurs entretiens semi-structurés basés sur le Questionnaire Informatisé sur la Délinquance Sexuelle (QIDS; St-Yves, al., 1994). Par ses 17 sections, le QIDS permet de recueillir de l’information sur plusieurs facettes de la vie des délinquants sexuels (ex. : les antécédents professionnels, familiaux, scolaires, criminels et correctionnels). Les informations recueillies en entrevue ont été complétées à l’aide d’informations officielles (ex. : rapports de police, déclaration de la victime). Lorsque les informations officielles ne concordaient pas avec celles fournies par le participant, les informations officielles avaient préséance sur ces dernières. Finalement, les données sur le sadisme sexuel ont été codifiées à l’aide de la Severe Sexual Sadism Scale (SESAS; Nitschke, Ostheider et coll., 2009), et ce, sur la base des informations contenues dans le QIDS.
Le sadisme sexuel des participants a été évalué à l’aide de la Severe Sexual Sadism Scale (SESAS; Nitschke et coll., 2009). La SESAS est une échelle à 11 items qui évalue, à partir de données officielles (ex. : informations médico-légales), le sadisme sexuel (Tableau 1). Chaque élément de la SESAS est noté sur une échelle ordinale à deux points : une note de 0 indique que l’élément ne s’applique pas à l’individu évalué tandis qu’une note de 1 indique que l’élément s’applique. De ce fait, un individu évalué peut obtenir un score total allant de 0 (aucun élément ne s’applique à l’individu) à 11 (tous les éléments s’appliquent à l’individu). Lorsqu’un individu obtient une note de quatre et plus, ce dernier est considéré comme étant sadique. Plusieurs études (Longpré et coll., 2018 ; Nitschke et coll., 2013 ; Nitschke, Osterheider et coll., 2009) ont rapporté que le SESAS permet de distinguer de manière précise les délinquants diagnostiqués comme sadiques des délinquants non-sadiques lorsqu'un score de 4 ou plus est utilisé. Par exemple, Nitschke, Osterheider et coll. (2009) ont constaté qu'un score de 4 ou plus identifiait de manière précise les sadiques par rapport aux non-sadiques avec une sensibilité et une spécificité parfaites (100 %). De même, dans leur méta-analyse, Nitschke et coll. (2013) ont observé que le SESAS présentait une sensibilité globale de 95 % (IC à 95 % = 66 à 95) et une spécificité globale de 95 % (IC à 95 % = 64 à 100) lorsqu'un score de 4 ou plus était utilisé sur le SESAS.
Les troubles de personnalité des participants ont été évalués à l’aide de la version française du Millon Clinical Multiaxial Inventory (MCMI; Millon, 1983) validée auprès d’un échantillon francophone québécois (Landry, Nadeau et Racine, 1996). Le MCMI est un questionnaire composé de 175 questions auxquelles le participant évalué répond par l’affirmative (oui) ou la négative (non). Après cette première étape, toutes les réponses obtenues sont compilées, afin d’obtenir un score brut pour chacun des 11 troubles de la personnalité suivants : schizoïde, évitante, dépendante, histrionique, narcissique, antisociale, obsessionnelle-compulsive, passive-agressive, schizotypique, état-limite et paranoïaque. Ces scores bruts sont par la suite transformés en taux basaux, lesquels sont interprétés selon les seuils de discriminations suivants : un taux basal supérieur à 74 et inférieur à 85 signifie qu’il y a présence de caractéristiques propres à un trouble (trait), tandis qu’un taux basal supérieur à 84 signifie qu’il y a présence marquée de ces caractéristiques (trouble).
Les psychopathologies des participants ont été évaluées à l'aide de la version française du Minnesota Multiphasic Personality Inventory (MMPI-2 ; Butcher, Dahlstrom, Graham, Tellegen et Kaemmer, 1989). Le MMPI-2 est un questionnaire composé de 566 questions auxquelles le participant évalué répond par « oui » ou par « non », et ce, afin d'obtenir un score brut sur les 10 échelles cliniques suivantes : hypocondrie (Hs), dépression (D), hystérie de conversion (Hy), psychopathie (Pd), masculinité-féminité (Mf), paranoïa (Pa), psychasthénie (Pt), schizophrénie (Sc), hypomanie (Ma) et inversion sociale (Si). Puis dans un deuxième temps, le score brut obtenu pour chaque échelle est transformé en un score T. Finalement, lorsque le score T de l'individu évalué est supérieur à deux écarts types (20) par rapport à la moyenne (50), par exemple un score T de 70, on considère qu’il y a présence évidente de psychopathologie.
Les corrélats examinés dans la présente étude ont été sélectionnés en fonction d'autres études sur le sadisme sexuel, notamment l'étude menée par Proulx et coll. (2007) et l'étude réalisée par Longpré et coll. (2018). De plus, nous avons décidé d'examiner d'autres corrélats qui n'ont pas été explorés dans le passé. Ces 109 variables sont réparties dans les sept catégories suivantes : 1) Abus en tant que mineur avant l'âge de 18 ans (n = 9) ; 2) Problèmes de conduite en tant que mineur (n = 14) ; 3) Type de personnalité (n = 11) ; 4) Psychopathologies (n = 10) ; 5) Abus de substances (n = 6) ; 6) Style de vie solitaire à l'âge adulte (n = 4) ; et 7) Modus operandi (avant le crime : n = 24 ; crime : n = 28 ; après le crime : n = 3).
La première étape de l'analyse a consisté à des analyses descriptives des variables démographiques, à l'aide de SPSS version 27 (IBM Corporation, 2020). Ensuite, afin de satisfaire l'objectif de l'étude, les 109 corrélats psychodéveloppementaux décrits ci-dessus ont été comparés chez les participants dont le score au SESAS était inférieur à 4 (n = 137 ; moyenne de 1,93) et supérieur à 4 (n = 69 ; moyenne de 4,61), en utilisant l'analyse du chi carré (tableau 2). La correction de Bonferroni n'a pas été appliquée dans ces analyses. Bien que l'on considère généralement qu'il est conseillé d'utiliser la correction de Bonferroni lors de la comparaison de plusieurs groupes, afin d'éviter les erreurs de type I (rejet erroné de l'hypothèse nulle ; faux positifs), ces dernières années, plusieurs chercheurs (ex. : Andrade, 2019 ; Ye et coll., 2020) ont fait valoir que l'utilisation de la correction de Bonferroni est problématique dans les études exploratoires avec des échantillons de petite taille (qui caractérisent la présente étude). Cela est dû au fait que la réduction des erreurs de type I est inévitablement concomitante avec une augmentation des erreurs de type II.
Abus en tant que mineur (avant l'âge de 18 ans)
Comme nous pouvons le constater dans le tableau 2, les agresseurs sexuels sadiques se distinguent significativement des agresseurs sexuels non-sadiques quant à la violence psychologique (sadique = 67,6% vs non-sadique = 43,1%, X2 = 10.99, p ≤ .01) et physique (sadique = 66,2% vs non-sadique = 48,9%, X2 = 5.46, p ≤ .05) vécue avant l’âge de 18 ans. Aussi, les sadiques ne diffèrent pas de manière significative des non-sadiques quant à plusieurs variables liées à la victimisation, et ce, même si pour chacune de ces variables, ils présentent des pourcentages légèrement supérieurs.
Problèmes de comportement en tant que mineur (avant l'âge de 18 ans)
Comme nous pouvons le constater dans le tableau 3, avant l’âge de 18 ans, les agresseurs sexuels sadiques se distinguent significativement des non-sadiques quant à la commission de comportements dangereux (sadique = 30,8% vs non-sadique = 17,0%, X2 = 4.90, p ≤ .05). Quant aux autres variables liées aux comportements problématiques avant l’âge de 18 ans, les sadiques ne se distinguent pas de façon significative des non-sadiques, et ce, même s’ils présentent des pourcentages légèrement plus élevés.
Abus de substances (âge adulte)
Comme nous pouvons le constater dans le tableau 4, à l’âge adulte, les agresseurs sexuels sadiques ne se distinguent pas des non-sadiques quant à leur consommation d’alcool et de drogue ; les deux types d’agresseurs consomment de façon importante de l’alcool et de la drogue.
Style de vie solitaire (âge adulte)
À l’âge adulte, les deux groupes d’agresseurs se distinguent significativement quant au fait d’avoir fait l’objet d’un suivi psychiatrique interne/externe (sadique = 14,7% vs non-sadique = 27,0%, X2 = 3.89, p ≤ .05) (tableau 4).
Type de personnalité (MCMI > 84)
Comme nous pouvons le constater dans le tableau 5, les agresseurs sexuels sadiques se distinguent significativement des non-sadiques quant aux caractéristiques associées aux troubles de la personnalité évitant (sadique = 33,3% vs non-sadique = 18,8%, X2 = 3.90, p ≤ .05) et narcissique (sadique = 2,0% vs non-sadique = 14,4%, X2 = 5.70, p ≤ .05). En outre, une importante proportion des deux groupes d’agresseurs sexuels présente un trouble de la personnalité dépendante (sadique = 54,9% vs non-sadique = 40,2%).
Psychopathologies (MMPI > 70)
Les agresseurs sexuels sadiques se distinguent de façon significative des agresseurs sexuels non-sadiques quant à l’échelle de psychopathie du MMPI (sadiques = 53,3% vs non-sadiques 35,5%, X2 = 4.06, p ≤ .05). D’autre part, une importante proportion des agresseurs des deux groupes présentent un score supérieur à 70 sur l’échelle de paranoïa du MMPI.
Phase pré-crime : l'année précédant le délit
Comme nous pouvons le constater dans le tableau 6, l’année qui précède le délit, les agresseurs sexuels sadiques se distinguent significativement des non-sadiques quant à la solitude vécue (sadique = 13,4% vs non-sadique = 27,6%, X2 = 4.06, p ≤ .05).
Phase pré-crime : 48 heures avant le délit
Au cours des 48 heures précédant l'infraction, les agresseurs sexuels sadiques étaient significativement moins susceptibles que les non-sadiques de déclarer un sentiment de solitude (sadique = 9,0% vs non-sadique = 20,9 %, X2 = 4,53, p ≤ 0,05), mais étaient significativement plus susceptibles d'avoir des conflits interpersonnels spécifiques à la victime (sadique = 22,4 % vs non-sadique = 9,6 %, X2 = 6,10, p ≤ 0,05), des fantaisies sexuelles déviantes impliquant la victime (sadique = 19,4 % vs non-sadiques = 6,8 %, X2 = 7,15, p ≤ 0,01) ou une autre femme (sadique = 30,8 % vs non-sadique = 12,8 %, X2 = 9,29, p ≤ 0,01) et des sentiments de colère (sadique = 49,2 % vs non-sadique = 30,7 %, X2 = 5,67, p ≤ 0,05) (tableau 7).
Pendant le crime
Le modus operandi des sadiques se distingue de celui des non-sadiques quant : à la préméditation (structurée) du délit (sadique = 44,9% vs non-sadique = 25,7%, X2 = 7.72, p ≤ .01) ; à l’utilisation d’une arme lors du délit (sadique = 73,9% vs non-sadique = 33,6%, X2 = 29.99, p ≤ .001), telle qu’un couteau (sadique = 39,1% vs non-sadique = 21,9%, X2 = 6.80, p ≤ .01) ou un pistolet (sadique = 15,9% vs non-sadique = 5,1%, X2 = 6.75, p ≤ .01); aux pratiques sexuelles comme la pénétration de la victime par voie anale (sadique = 20,9% vs non-sadique = 9,0%, X2 = 5.55, p ≤ .05) et la fellation pratiquée par la victime (sadique = 49,3% vs non-sadique = 30,3%, X2 = 6.87, p ≤ .01). En outre, les sadiques diffèrent significativement des non-sadiques sur les variables suivantes : victime photographiée (7,2 % vs 0,7 %, p ≤ .01 (F)) ; victime physiquement retenue (31,3 % vs 7,4 %, X2 = 19,96, p ≤ .001) et quant au temps passé avec la victime : > 15 minutes (86,2 % vs 70,5 %, X2 = 5,82, p ≤ 0,05). Finalement, sur le plan émotionnel, les agresseurs sexuels sadiques se distinguent des non-sadiques : les sadiques ressentent de la colère (sadique = 64,5% vs non-sadique = 44,0%, X2 = 6.63, p ≤ .01), ne sont pas anxieux (sadique = 0% vs non-sadique = 12,8%, X2 = 8.67, p ≤ .01) et ne ressentent pas un sentiment de vide lors de leur délit (sadique = 0% vs non-sadique = 11,9%, X2 = 8.00, p ≤ .01) (Tableau 8).
Post-Crime
Les agresseurs sexuels sadiques étaient plus susceptibles que les non-sadiques d'éprouver des sentiments de colère et de bien-être après le délit, et moins susceptibles de ressentir de la culpabilité, bien qu'aucune de ces différences ne soit statistiquement significative.
Les agresseurs sexuels sadiques ont déclaré avoir subi plus de violence émotionnelle et physique dans leur enfance que les agresseurs non-sadiques. Ce profil de victimisation correspond au tableau clinique de l'agresseur sexuel sadique décrit par Brittain (1970), et est similaire à celui rapporté dans d'autres études (ex. : Gratzer et Bradford, 1995 ; Langevin et coll., 1985 ; MacCulloch et coll., 2000 ; Nitschke et coll., 2009 ; Proulx et coll., 2007 ; Longpré et coll., 2018, 2020 ; Robertson et coll., 2018). Ces résultats sont également cohérents avec la suggestion de certains auteurs (ex. : Proulx et Beauregard, 2014) selon laquelle les agresseurs sexuels sadiques reproduisent lors de leur délit sexuel les violences émotionnelles et physiques qu'ils ont subies dans leur enfance : la violence émotionnelle s'exprimerait par l'humiliation de la victime, et la violence physique par la torture.
À l'adolescence, les sadiques de la présente étude ne différaient pas significativement des non-sadiques en termes d'estime de soi, d'isolement social et de comportement sexuel. Cela contraste avec les résultats de Proulx et coll. (2007), qui ont rapporté que les sadiques sexuels de leur étude différaient significativement des non-sadiques sur ces variables. Cette divergence est particulièrement intéressante étant donné que la présente étude et celle de Proulx et coll. (2007) ont utilisé le même échantillon. Qu'est-ce qui pourrait alors expliquer le fait que les sadiques de notre étude ne présentent pas une faible estime de soi à l'adolescence, une tendance à l'isolement social et un surinvestissement dans la sexualité, comme le rapportent Proulx et coll. (2007) ? Une hypothèse possible est que les deux études ont utilisé des définitions différentes du sadisme sexuel : alors que l'étude actuelle a utilisé une définition du sadisme sexuel qui est basée sur des éléments comportementaux (le SESAS), la définition de Proulx et coll. (2007) est basée sur des éléments cognitifs, à savoir la présence de fantaisies sexuelles déviantes. Étant donné que les individus ayant des fantaisies sexuelles déviantes de nature sadique sont décrits comme ayant eu une perception négative d'eux-mêmes et un mode de vie solitaire à l'adolescence (Brittain, 1970 ; Dietz et coll., 1990 ; Gauthier et al., 2022; Gauthier et Proulx, 2022; Longpré et coll., 2018 ; MacCulloch et coll., 1983 ; Maniglio, 2011 ; Proulx et coll., 2007), les résultats de Proulx et coll. (2007) ne sont guère surprenants et n'invalident en rien les nôtres.
Jusqu'à récemment, il n'y avait pas de consensus dans la littérature concernant le profil psychosocial de l'agresseur sexuel sadique. D'une part, Proulx et d'autres chercheurs (Brown et Forth, 1997 ; Proulx, 2001 ; Proulx et Beauregard, 2014 ; Proulx et coll., 2007 ; Proulx et coll., 2017) décrivent l'agresseur sexuel sadique comme un individu ayant un type de personnalité schizoïde et évitante, et un style de vie caractérisé par une forte tendance à l'isolement social, les deux étant associés au développement et au maintien d'un monde fantasmatique riche dans lequel la cruauté et la sexualité sont intimement liées. D'autre part, Knight et d'autres chercheurs (Dietz et coll., 1990 ; Gratzer et Bradford, 1995 ; Knight et Guay, 2006, 2018 ; Knight et Prentky, 1990 ; Longpré et coll., 2018, 2020 ; Robertson et coll., 2018) dépeignent le sadique sexuel comme un individu narcissique et antisocial, ayant un mode de vie inadapté (marqué par la criminalité et l'abus de drogues) et une préférence pour une sexualité coercitive.
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer cette absence de consensus. La première hypothèse, avancée par Proulx et coll. (2007), est que les agresseurs sexuels sadiques ont deux modes de fonctionnement. Le premier mode serait lié à leurs troubles de la personnalité schizoïde et évitante, et influencerait leurs relations sociales. Le second mode, en revanche, serait lié à leurs troubles de la personnalité antisociale et narcissique, et influencerait leurs délits. La deuxième hypothèse, avancée par Knight (2010), est que Knight et Proulx décrivent deux types distincts d'agresseurs sexuels sadiques, avec des motivations différentes. L'agresseur sexuel sadique décrit par Knight présente un profil de personnalité psychopathe (ex. : antisocial) et commet des crimes sexuels sadiques parce que cela lui procure des sensations fortes. L'agresseur sexuel sadique décrit par Proulx présente un profil de personnalité anxieuse (ex. : schizoïde, évitante) et réalise ses fantaisies sexuelles sadiques en commettant des crimes sexuels. Cette dernière hypothèse a été partiellement confirmée par le modèle développemental du sadisme sexuel développé par Longpré et coll. (2018), qui ont identifié plusieurs trajectoires développementales conduisant à la commission de comportements sexuels sadiques. Deux d'entre elles (la trajectoire de la désinhibition et la trajectoire de la méchanceté-narcissique) correspondent au sadique décrit par Knight, et une autre (la trajectoire schizoïde) correspond au sadique décrit par Proulx.
Le profil psychosocial de l'agresseur sexuel sadique de la présente étude est similaire à celui de l'agresseur sexuel sadique décrit par Proulx et ses collègues (Proulx, 2001 ; Proulx et Beauregard, 2014 ; Proulx et coll., 2007 ; Proulx et coll., 2017), c'est-à-dire un individu isolé socialement (bien qu'il partage cette dernière caractéristique avec l'agresseur sexuel non-sadique), qui présente un profil de personnalité évitant et qui rapporte avoir des fantaisies sexuelles déviantes.
En termes de psychopathologie, d'une part, les agresseurs sexuels sadiques de la présente étude diffèrent significativement des agresseurs sexuels non-sadiques sur l'échelle de psychopathie du MMPI et, d'autre part, plus de la moitié des agresseurs sexuels sadiques ont obtenu un score supérieur à 70 sur l'échelle de paranoïa du MMPI. Ces résultats ne sont pas conformes à ceux de Proulx et coll. (2007), qui ont signalé que les agresseurs sexuels sadiques de leur étude ne différaient pas des agresseurs sexuels non-sadiques sur les différentes échelles du MMPI. Cependant, dans les deux études, les échelles sur lesquelles les deux groupes d'agresseurs sexuels ont obtenu les scores les plus élevés étaient les échelles de psychopathie et de paranoïa. Une hypothèse qui peut être avancée pour expliquer cette divergence entre nos résultats et ceux de Proulx et coll. (2007) est liée à la puissance statistique. En effet, Proulx et coll. (2007) disposaient de données sur les échelles du MMPI pour 85 de leurs 141 participants (21 sadiques et 64 non-sadiques) alors que nous disposions des données pour 141 de nos 206 participants (45 sadiques et 96 non-sadiques). Ainsi, il est probable que Proulx et ses collègues (2007) n'ont pas identifié la différence que nous avons trouvée en raison de la taille plus petite de leur échantillon.
Dans les 48 heures précédant le délit, les agresseurs sexuels sadiques ont éprouvé de la colère, des conflits interpersonnels propres à la victime et des fantaisies sexuelles déviantes impliquant leur victime ou une autre femme. Ces résultats sont conformes à ceux de Proulx et coll. (2007), qui ont signalé que les sadiques, mais pas les non-sadiques, ont éprouvé des sentiments de colère et ont eu des fantaisies sexuelles déviantes dans les heures précédant leur infraction.
Les éléments caractérisant le modus operandi de ces agresseurs correspondent en tout point à ceux de l'agresseur sexuel sadique décrit dans la littérature (Brittain, 1970 ; Dietz et coll., 1990 ; Gratzer et Bradford, 1995 ; Knight, 2010 ; Knight et Prentky, 1990 ; Proulx Beauregard, 2014 ; Proulx et coll., 2007; Reale et al., 2022a; Reale et al., 2022b). En effet, conformément à la littérature, les agresseurs sexuels sadiques de cette étude ont soigneusement planifié leur infraction (Gratzer et Bradford, 1995 ; Knight et Prentky, 1990 ; Oligny et al. 2023; Proulx et Beauregard, 2014 ; Proulx et coll., 2007), ont utilisé une arme (Gratzer et Bradford, 1995 ; Proulx & Beauregard, 2014 ; Proulx et coll., 2007), ont séquestré leur victime (Proulx et coll., 2007) et ont fait preuve d'une grande cruauté envers leur victime (humiliation : 78,3 % ; torture : 95,7 % ; mutilation des zones sexuelles : 23,2% ; mutilation des parties non sexuelles : 5,8% ; insertion d'objets dans les orifices corporels : 18,2%).
En résumé, tant sur le plan clinique qu'empirique, le profil de l'agresseur sexuel sadique de la présente étude correspond globalement à celui rapporté dans la littérature : une structure de personnalité évitante, une sexualité déviante (ex. : fantaisies sexuelles déviantes), des distorsions cognitives (ex. : conflits spécifiques avec la victime), et un modus operandi organisé (ex. : planification, sélection des victimes et des lieux) et très violent (ex. : humiliation, torture, mutilation). Néanmoins, l'agresseur sexuel sadique de la présente étude diffère du sadique décrit par Knight (2010) dans la mesure où il ne présente pas un profil de personnalité antisociale et ne possède pas un mode de vie antisocial.
D'un point de vue clinique, les résultats de la présente étude comparative apporte une contribution à notre compréhension des facteurs de risque et des besoins spécifiques (selon les principes Risque-Besoin-Réceptivité) qui doivent être pris en compte pour développer des interventions plus ciblées et efficaces visant à réduire le risque de récidive au sein des agresseurs sexuels sadiques de femmes. Ainsi, les conclusions de cette étude offrent des orientations plus éclairées pour les décisions cliniques, contribuant ainsi à l'efficacité globale des programmes de traitement et de réhabilitation.
Ces dernières années, de nombreux chercheurs ont mené des études comparatives pour définir les agresseurs sexuels sadiques. De ces études, il ressort que les sadiques sexuels diffèrent significativement des non-sadiques dans de nombreux domaines (ex. : sur les plans développemental, psychologique, criminologique). Bien que ces études aient mis en lumière les caractéristiques spécifiques des sadiques, elles présentent d'importantes limites : 1) leur diagnostic du sadisme sexuel est basé sur des critères qui ne font pas l'objet d'un consensus dans la littérature (Marshall et Hucker, 2006 ; Nitschke et coll., 2009) ; 2) leurs échantillons ne sont pas homogènes, c'est-à-dire qu'ils sont composés de plusieurs types d'agresseurs sexuels (ex. : des femmes, d'hommes et d'enfants) et 3) les variables sur lesquelles les agresseurs sexuels sadiques et non-sadiques sont comparés sont principalement des variables relatives à l'âge adulte. L'objectif de la présente étude était donc d'examiner les caractéristiques qui distinguent les agresseurs sexuels sadiques des agresseurs sexuels non-sadiques, sur la base d'une mesure du sadisme sexuel validée empiriquement, la Severe Sexual Sadism Scale (SESAS ; Nitschke et coll., 2009), d'un échantillon composé exclusivement d'agresseurs sexuels de femmes, et d'une centaine de variables relatives aux différentes étapes de la vie (ex. : enfance, adolescence, âge adulte).
La présente étude comporte certaines limites. La première limite concerne la composition de l’échantillon que nous avons utilisé, à savoir un échantillon exclusivement composé d’agresseurs sexuels de femmes adultes ayant été incarcéré au Canada (Québec). Cette homogénéité caractérisant notre échantillon a comme principale conséquence de limiter la portée de nos résultats ; ceux-ci ne peuvent être généralisés qu’aux agresseurs sexuels sadiques de femmes adultes vivant en Occident (ex. : États-Unis, Angleterre, France, Allemagne). En effet, on ne peut extrapoler nos résultats par-delà l’Occident, et ce, car il n’existe, à notre connaissance, aucune étude descriptive ou comparative sur les agresseurs sexuels sadiques ayant été menés en territoire non occidental (Labuschagne, 2018). La deuxième limite concerne les informations sur lesquelles certaines variables de la présente étude ont été codifiées (ex. : préméditation du délit, sélection de la victime, fantaisies sexuelles déviantes), soit de l’information rapportée en entrevue, laquelle parfois peut être minimisée, voire niée par le participant (Proulx et Beauregard, 2014). Par conséquent, dû à ces limites, le présent profil de l’agresseur sexuel sadique de femmes adultes doit être considéré avec prudence.
Étant la toute première étude, à notre connaissance, ayant comparé les agresseurs sexuels sadiques et non-sadiques sur la base d’une mesure du sadisme sexuel validée empiriquement, la SESAS, il serait intéressant et pertinent que d’éventuelles études comparatives (sadiques-non-sadiques) soient également réalisées sur la base de la SESAS, et ce, auprès de divers types d’agresseurs sexuels (de femmes, d’hommes et d’enfants) non canadiens, de sorte à venir infirmer ou confirmer les résultats de la présente étude, soit le profil psychodéveloppemental du sadique sexuel que nous avons dressé.
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Figure 1. Critères diagnostiques du sadisme sexuel (DSM-V-TR)
Critère A : Pendant une période d’au moins 6 mois, présence d’une excitation sexuelle intense et récurrente provoquée par la souffrance physique ou psychologique d’une autre personne, se manifestant sous la forme de fantasmes, de pulsions ou de comportements. |
Critère B: L’individu a mis en acte ses pulsions sexuelles avec une personne non consentante, ou les fantasmes ou les pulsions sexuelles entraînent une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants. |
En environnement protégé : Cette spécification est essentiellement applicable aux individus vivant en institution ou dans d’autres cadres où les opportunités d’avoir des comportements de sadisme sexuel sont restreintes. |
En rémission complète : L’individu n’a pas mis en actes ses pulsions avec une personne non consentante, et il n’a pas souffert ou présenté d’altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants depuis au moins 5 ans en milieu non protégé. |
Source: American Psychiatric Association, 2022
Tableau 1. Les items de la Severe Sexual Sadism Scale (SESAS) chez les agresseurs sexuels de femmes
Sadique (n = 69) | Non-sadique (n = 137) | χ2 | p | Ф | |
---|---|---|---|---|---|
Items de la SESAS | |||||
1. Offender is sexually aroused by the act. | 26,1 % | 18,2 % | 1.70 | 0.191 | 0.09 |
2. Offender exercises power/control/domination over the victim. | 88,4 % | 35,8 % | 51.09*** | 0.000 | 0.49*** |
3. Offender humiliates or degrades the victim. | 78,3 % | 28,5 % | 45.94*** | 0.000 | 0.47*** |
4. Offender tortures the victim or engages in acts of cruelty on the victim. | 95,7 % | 50,4 % | 41.66*** | 0.000 | 0.45*** |
5.Offender mutilates sexual parts of the victim’s body. | 23,2 % | 0,7 % | 30.56*** | 0.000 | 0.38*** |
6. Offender engages in gratuitous violence toward the victim. | 94,2 % | 53,3 % | 34.74*** | 0.000 | 0.41*** |
7. Offender keeps trophies of the victim. | 7,2 % | 0,7 % | 6.89*(F) | 0.017 | 0.18** |
8. Offender mutilates nonsexual parts of the victim’s body. | 5,8 % | 0 % | 8.09*(F) | 0.012 | 0.19** |
9. Victim is abducted or confined. | 18,8 % | 4,4 % | 11.46*** | 0.001 | 0.23*** |
10. Evidence of ritualism in the offense. | 4,3 % | 0 % | 6.04*(F) | 0.036 | 0.17* |
11. Insertion of objects into victim’s bodily orifices. | 18, 2 % | 1,5 % | 20.53*** | 0.000 | 0.31*** |
*p ≤ .05, **p ≤ .01, *** p ≤ .001
F = Fisher’s Exact Test
Tableau 2. L'enfance et le contexte familial comme corrélats du sadisme sexuel chez les agresseurs sexuels de femmes
Sadique | Non-sadique | χ2 | p | Ф | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | |||||
Abus en tant que mineur (avant 18 ans) | ||||||||
Abus émotionnel | 68 | 67,6 | 137 | 43,1 | 10.99** | 0.001 | 0.23*** | |
Abus physique | 68 | 66,2 | 137 | 48,9 | 5.46* | 0.019 | 0.16* | |
Abus sexuel | 68 | 38,2 | 137 | 33,6 | 0.43 | 0.511 | 0.04 | |
Exposition à de l’abus physique | 68 | 57,4 | 137 | 43,1 | 3.71 | 0.054 | 0.13 | |
Exposition à de l’abus psychologique | 68 | 58,8 | 137 | 49,6 | 1.53 | 0.215 | 0.08 | |
Exposition à de l’abus d’alcool | 68 | 63,2 | 137 | 54,7 | 1.34 | 0.247 | 0.08 | |
Exposition à de l’abus de drogue | 68 | 16,2 | 137 | 10,9 | 1.12 | 0.290 | 0.07 | |
Exposition à de la promiscuité sexuelle | 68 | 5,9 | 137 | 5,1 | 0.53 | 0.817 | 0.01 | |
Abandon parental | 68 | 48,5 | 137 | 35,8 | 3.08 | 0.079 | 0.12 |
*p ≤ .05, ** p ≤ .01, ***p ≤. 001
Tableau 3. Problèmes de comportement avant l'âge de 18 ans
Sadique | Non-sadique | χ2 | p | Ф | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Problèmes de comportement | n | % | n | % | |||
Mensonges répétés | 65 | 44,6 | 130 | 34,6 | 1.84 | 1.84 | 0.175 |
Attitude rebelle | 66 | 59,1 | 135 | 50,4 | 1.35 | 1.35 | 0.245 |
Tempérament colérique | 64 | 42,2 | 134 | 34,3 | 1.14 | 1.14 | 0.284 |
Comportement dangereux | 65 | 30,8 | 135 | 17,0 | 4.90* | 4.90* | 0.027 |
Isolement social | 65 | 44,6 | 134 | 38,1 | 0.78 | 0.78 | 0.376 |
Faible estime de soi | 66 | 45,5 | 134 | 44,0 | 0.03 | 0.03 | 0.846 |
Consultation de vidéos pornographiques | 66 | 28,8 | 135 | 17,0 | 3.70 | 3.70 | 0.054 |
Consultation de magazines pornographiques | 66 | 22,7 | 134 | 21,6 | 0.03 | 0.03 | 0.862 |
Fréquentation de bars érotiques | 66 | 27,3 | 135 | 17,0 | 3.36 | 3.36 | 0.091 |
Fréquentation de prostituées | 66 | 34,8 | 136 | 44,9 | 2.43 | 2.43 | 0.176 |
Consommation régulière d'alcool | 63 | 49,2 | 134 | 43,3 | 0.60 | 0.60 | 0.436 |
Consommation abusive d'alcool | 62 | 33,9 | 132 | 32,6 | 0.03 | 0.03 | 0.858 |
Consommation régulière de drogues | 64 | 45,3 | 130 | 31,5 | 3.52 | 3.52 | 0.060 |
Abus de drogues | 65 | 32,3 | 132 | 20,5 | 3.32 | 3.32 | 0.358 |
*p ≤ .05
Tableau 4. Caractéristiques psychologiques des agresseurs sexuels sadiques et non-sadiques à l'âge adulte
Sadique | Non-sadique | χ2 | p | Ф | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | |||||
Consommation de substances | ||||||||
Consommation régulière d'alcool | 68 | 70,6 | 137 | 72,3 | 0.06 | 0.802 | 0.01 | |
Consommation abusive d'alcool | 67 | 59,7 | 137 | 62,8 | 0.18 | 0.672 | 0.03 | |
Dépendance à l'alcool | 67 | 43,3 | 136 | 42,6 | 0.007 | 0.931 | 0.006 | |
Consommation régulière de drogues | 68 | 66,2 | 136 | 58,1 | 1.24 | 0.265 | 0.07 | |
Abus de drogues | 67 | 52,2 | 137 | 48,9 | 0.20 | 0.655 | 0.03 | |
Dépendance aux drogues | 68 | 41,2 | 137 | 40,9 | 0.002 | 0.967 | 0.003 | |
Style de vie solitaire | ||||||||
Isolement social | 65 | 38,5 | 134 | 39,6 | 0.02 | 0.882 | 0.01 | |
Faible estime de soi | 66 | 43,9 | 133 | 48,1 | 0.31 | 0.578 | 0.03 | |
Suivi psychiatrique interne et externe | 68 | 14,7 | 137 | 27,0 | 3.89* | 0.049 | 0.13* | |
Fantaisies sexuelles déviantes | 67 | 35,8 | 133 | 24,1 | 3.05 | 0.080 | 0.12 |
*p ≤ .05
Tableau 5. Caractéristiques de la personnalité des agresseurs sexuels sadiques et non-sadiques : évaluation psychométrique (MCMI)
Sadique (N = 51) | Non-sadique (N = 97) | χ2 | p | Ф | |
---|---|---|---|---|---|
% score > 84 | % score > 84 | ||||
Troubles de la personnalité | |||||
Schizoïde | 25,5 | 17,5 | 1.31 | 0.252 | 0.09 |
Évitant | 33,3 | 18,8 | 3.90* | 0.048 | 0.16* |
Dépendant | 54,9 | 40,2 | 2.91 | 0.088 | 0.14 |
Histrionique | 0 | 2,1 | 1.06 | 0.302 | 0.08 |
Narcissique | 2 | 14,4 | 5.70* | 0.017 | 0.19* |
Antisocial | 3,9 | 9,3 | 1.39 | 0.238 | 0.09 |
Obsessionnel-compulsif | 0 | 4,1 | 2.16 | 0.142 | 0.12 |
Passif-agressif | 21,6 | 16,5 | 0.57 | 0.448 | 0.06 |
Schizotypique | 3,9 | 0 | 3.18 | 0.051 | 0.16 |
État-limite | 3,9 | 5,1 | 0.07 | 0.791 | 0.02 |
Paranoïaque | 3,9 | 8,2 | 0.99 | 0.319 | 0.08 |
*p ≤ .05
Tableau 6. Facteurs prédisposant des agresseurs sexuels sadiques et non-sadiques : 1 an avant le délit
Sadique | Non-sadique | χ2 | p | Ф | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | ||||
Problèmes relationnels : solitude | 66 | 13,4 | 134 | 27,6 | 5.08* | 0.024 | 0.15* |
Problèmes relationnels : séparation du partenaire | 67 | 29,9 | 134 | 30,6 | 0.012 | 0.914 | 0.008 |
Problèmes relationnels : difficultés conjugales | 67 | 34,3 | 134 | 26,9 | 1.20 | 0.273 | 0.07 |
Problèmes relationnels : perception de rejet et d'abandon | 33 | 33,3 | 76 | 44,7 | 1.23 | 0.267 | 0.10 |
Faible estime de soi | 66 | 39,4 | 135 | 48,9 | 1.61 | 0.204 | 0.09 |
Conflits interpersonnels spécifiques : la victime | 67 | 17,9 | 135 | 8,9 | 3.48 | 0.062 | 0.13 |
Conflit généralisé : les femmes | 66 | 45,5 | 133 | 36,1 | 1.62 | 0.203 | 0.09 |
Conflit généralisé : le système | 66 | 31,8 | 134 | 30,6 | 0.03 | 0.861 | 0.01 |
Fantaisies sexuelles déviantes impliquant une autre femme | 33 | 27,3 | 75 | 21,3 | 0.45 | 0.500 | 0.06 |
*p ≤ .05
Tableau 7. Caractéristiques de la phase pré-crime chez les agresseurs sexuels sadiques et non-sadiques (48 heures avant le délit)
Sadique | Non-sadique | χ2 | p | Ф | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Caractéristiques | n | % | n | % | |||
Problèmes relationnels : solitude | 67 | 9,0 | 134 | 20,9 | 4.53* | 0.033 | 0.15* |
Problèmes relationnels : séparation du partenaire | 67 | 17,9 | 134 | 12,7 | 0.98 | 0.320 | 0.07 |
Problèmes relationnels : difficultés conjugales | 67 | 23,9 | 134 | 14,9 | 2.43 | 0.119 | 0.11 |
Problèmes relationnels : perception du rejet et d'abandon | 33 | 30,3 | 76 | 25,0 | 0.33 | 0.565 | 0.05 |
Faible estime de soi | 66 | 31,8 | 135 | 33,3 | 0.04 | 0.830 | 0.01 |
Conflits interpersonnels spécifiques : la victime | 67 | 22,4 | 135 | 9,6 | 6.10* | 0.013 | 0.17* |
Conflit généralisé : les femmes | 66 | 39,4 | 134 | 27,6 | 2.84 | 0.092 | 0.11 |
Fantaisies sexuelles déviantes à l'égard de la victime | 67 | 19,4 | 132 | 6,8 | 7.15** | 0.007 | 0.19** |
Fantaisies sexuelles déviantes impliquant une autre femme | 65 | 30,8 | 133 | 12,8 | 9.29** | 0.002 | 0.21** |
Fréquentation des bars érotiques | 35 | 5,7 | 79 | 19,0 | 3.36 | 0.066 | 0.17 |
Consommation d'alcool | 69 | 65,2 | 136 | 64,7 | 0.005 | 0.942 | 0.005 |
Consommation de drogues | 68 | 48,5 | 135 | 37,8 | 2.15 | 0.142 | 0.10 |
Affect : Colère | 59 | 49,2 | 114 | 30,7 | 5.67* | 0.017 | 0.18* |
Affect : Tristesse - dépression | 59 | 5,1 | 114 | 11,4 | 1.84 | 0.174 | 0.10 |
Affect : Calme et bien-être | 59 | 18,6 | 114 | 23,7 | 0.57 | 0.448 | 0.05 |
*p ≤ .05, **p ≤ .01
Tableau 8. Caractéristiques des phases crime et postcrime chez les agresseurs sexuels sadiques et non-sadiques
Sadique | Non-sadique | χ2 | p | Ф | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Caractéristiques | n | % | n | % | |||
Préméditation structurée | 69 | 44,9 | 136 | 25,7 | 7.724** | 0.005 | 0.19** |
Affect pendant le crime : colère- frustration-agressivité | 62 | 64,5 | 109 | 44,0 | 6.636** | 0.010 | 0.19** |
Affect pendant le crime : anxiété-agitation-nervosité | 62 | 0 | 109 | 12,8 | 8,673** | 0.003 | 0.22** |
Affect pendant le crime : vide-confusion | 62 | 0 | 109 | 11,9 | 8.003** | 0.005 | 0.21** |
Utilisation d'une arme | 69 | 73,9 | 137 | 33,6 | 29.996*** | 0.000 | 0.38*** |
Utilisation d'un couteau | 69 | 39,1 | 137 | 21,9 | 6.809** | 0.009 | 0.18** |
Utilisation d'une arme à feu | 69 | 15,9 | 137 | 5,1 | 6.753** | 0.009 | 0.18** |
Pénétration vaginale (digital) | 67 | 35,8 | 131 | 26,0 | 2.08 | 0.149 | 0.10 |
Pénétration anale (digital) | 67 | 10,4 | 131 | 3,0 | 4.74*(F) | 0.029 | 0.15* |
Pénétration vaginale (pénis) | 68 | 72,1 | 134 | 67,1 | 0.05 | 0.478 | 0.05 |
Pénétration anale (pénis) | 67 | 20,9 | 133 | 9,0 | 5.553* | 0.018 | 0.16* |
Fellation par la victime | 67 | 49,3 | 132 | 30,3 | 6.872** | 0.009 | 0.18** |
Masturbation de l'agresseur par la victime | 67 | 23,9 | 132 | 18,9 | 0.66 | 0.415 | 0.05 |
La victime a été photographiée | 69 | 7,2 | 137 | 0,7 | 6.89**(F) | 0.017 | 0.18** |
Victime retenue physiquement | 67 | 31,3 | 136 | 7,4 | 19.966*** | 0.000 | 0.31*** |
Temps passé avec la victime : > 15 minutes | 65 | 86,2 | 132 | 70,5 | 5.825* | 0.020 | 0.17* |
La victime a été tuée | 69 | 24,6 | 137 | 14,6 | 3.13 | 0.076 | 0.12 |
L'affect postcrime : colère | 56 | 21,4 | 101 | 10,9 | 3.19 | 0.074 | 0.14 |
L'affect postcrime : culpabilité-regret | 56 | 21,4 | 101 | 34,7 | 3.00 | 0.083 | 0.13 |
L'affect postcrime : calme et bien-être | 56 | 28,6 | 101 | 19,8 | 1.56 | 0.211 | 0.10 |
*p ≤ .05, **p ≤ .01, *** p ≤ .001
F = Fisher’s Exact Test